dimanche 20 décembre 2009

De la Cordillère à l’Amazonie

Nous avons fait le trajet le plus fou et le plus magique depuis le début de notre périple : rejoindre Pucallpa dans la forêt amazonienne en partant de Huaraz au milieu de la cordillère. Le plus fou parce que sur nos cartes, il n’y a pas de route et que les renseignements pris auprès de la population locale et de notre guide ne sont pas rassurantes : état des routes, horaires des bus, route des narcotrafiquants … Le plus magique car tout s’est déroulé comme dans un rêve !
Nous avons quitté la cordillère blanche avec un temps magnifique, tous les sommets enneigés se déroulant sous nos yeux. La route jusqu’à Huanuco passe entre des sommets enneigés, gravit des cols à plus de 4500m, descend dans des vallées vertigineuses .
A Huanuco, nous sautons dans un autre collectivo qui nous emmène à Tingo Maria. Nous traversons la cordillère orientale et le paysage change brutalement : la montagne se couvre de végétation tropicale dense. Nous arrivons à Tingo Maria dans une nuit noire, humide, tropicale, inquiétante, remplie de bruits inconnus et inhabituels pour nous qui descendons de la montagne.
Le lendemain, notre ultime étape nous conduit à Pucallpa. La route est, là encore, hallucinante, gravissant le dernier rempart de la cordillère et plongeant dans la forêt tropicale. C’est un paysage de montagnes abruptes recouvertes de forêt tropicale où plane la brume matinale. La route, que d’innombrable ouvriers s’efforcent de goudronner, est boueuse, coupée par les glissements de terrains, les torrents qui dégoulinent de la montagne, certaines portions sont emportées par la rivière en crue et les ponts emportés… Nous arrivons enfin dans la plaine de Pucallpa, étouffante de moiteur.
A peine arrivés à Pucallpa, nous sautons littéralement dans le bateau (la lancha) qui s’apprête à appareiller. Ce n’est pas vraiment ce qui était prévu, nous avions pensé prendre un bateau le lendemain, qui ne semble pas exister. Fred part faire les quelques courses indispensables à la traversée en catastrophe pour nous procurer hamacs, eau potable, provisions de gâteaux secs… et anti-moustiques !
Le bateau est plein à craquer de passagers, installés sur des hamacs et de fret empilé dans tous les coins. Nous avons droit à une cabine débordante de luxe précaire : couchettes et salle de bains privée (eau courante marron en provenance directe du fleuve !). Nous accrochons les hamacs à proximité.





Le trajet pour Iquitos dure 3 jours sur la rivière Ucayali puis sur l’Amazone. Ce voyage sur le fleuve, nous en rêvions depuis longtemps. C’est « L’amour aux temps du Cholera », « Aguirre ou la colère de Dieu », « Fitzcarraldo », Alvaro Mutis, « Apocalypse Now » (pour Fred !)… le mythe du voyage sur le fleuve !
Nous descendons dans le sens du courant, dans cette eau maronnasse où flottent toutes sortes d’objets. La forêt défile lentement. La rivière enchaine des courbes qui se ressemblent toutes. Le paysage ne change qu’aux grés de la couleur du ciel, de la lumière et de la pluie, passant ainsi du gris-marron boueux aux verts flamboyants et au bleu éclatant. Le fleuve passe de la mare de boue à un miroir lisse reflétant forêts et nuages… sans parler des couchers de soleil…





























La vie à bord est rythmée par les repas (invariablement poulet-riz-bananes plantains) et les escales. Ces dernières sont des spectacles à part entière où le public se masse sur le pont du bateau et sur le rivage. Avec force animation, on monte à bord bananes, riz, cochons, poules, poissons, pièces mécaniques. Pendant ce temps, une multitude de vendeurs, dont la grande majorité n’a pas 10 ans, monte à bord pour proposer fruits, nourriture, poissons grillés, boissons gazeuses et même appel téléphonique.
Nous passons notre temps entre le pont, la cabine et les hamacs à bouquiner et rêvasser. Je me lance avec plus d’application dans les aquarelles et entame « Guerre et Paix »… Fred est devenu contemplatif et passe des heures à scruter la jungle dans son hamac.





Avant d’embarquer nous avions rapidement convenu avec un guide local d’un séjour dans la jungle. En fait, il nous propose de venir passer une semaine chez lui dans son village,Libertad, à 100km en amont d’Iquitos (à vol d’oiseau).Nous harcelons à peu près tous les membres de l’équipage que nous identifions pour que nous soyons déposés au lieu dit. Le moment du débarquement est repoussé de jour en jour. On craint débarquer sous une tempête tropicale… Finalement, le moment venu, c’est le capitaine en personne qui nous conduit en chaloupe vers le village, au pied de l’arc-en-ciel qui se dessine dans le ciel lumineux de la fin de journée (pour citer Roland : « après la pluie, il y a toujours un arc-en-ciel »).






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