samedi 4 décembre 2010

Epilogue



Ça fait plus d’un mois que nous sommes rentrés. La réalité quotidienne a repris le dessus. Il fait nuit et froid à Paris. Nous pensons déjà à la préparation des fêtes de Noël en famille. Il y a un an, nous étions au Pérou entre la cordillère et la forêt amazonienne.

C’est difficile d’écrire un épilogue, probablement parce que ça signifie mettre un point final à cette aventure, tourner une dernière page du blog et se lancer entièrement dans notre nouvelle vie bien rangée... Et pour le moment, même s’il y des machettes qui trainent dans le salon, un boomerang de chasse sur l’étagère, une peau de mérinos dans la chambre, des bouddhas en plastiques au dessus du lit, un hologramme de Ganesh dans les toilettes, des sarongs partout et des colliers de coquillage au porte manteaux, les sacs à dos sont pliés sous le lit…

Mais puisqu’il faut faire un bilan, allons-y !

Pendant un an, nous avons découvert des pays que nous parcourions pour la première fois. Certains nous ont séduits, d’autres surpris ou amusés quelques uns nous ont peut-être un peu déçus mais aucun ne nous a rebutés. Nous avons toujours aimé découvrir de quoi vivaient les autres à l’autre bout du monde. Alors, non, nous ne pouvons pas citer LE pays que nous avons préféré.

Le voyage s’est fait d’une multitude de petits souvenirs et de quelques grands moments d’émerveillement. Pour les grands moments d’émerveillement on vous citera en vrac : le sommet du Cotopaxi, la grandeur du Macchu-Pichu, le Nouvel-An sur le lac Titicaca, la neige au pied du Fitz Roy, les immenses glaciers de Patagonie, le survol de l’Aconcagua, la fascination de l’île de Pâques, la pêche aux Marquises, la plongée aux Tuamotu, le kayak dans le Milford Sound, l’arrivée à Sydney, le bush australien, la lave du Rinjani, les splendeurs d’Angkor, l’agitation de Bangkok, la plaine de Bagan, nos premiers 8000… Pour la multitude de petits souvenirs, il faudrait une encyclopédie pour les énumérer : nos aventureux trajets sur les routes vertigineuses du Népal, déchirées au Chili après le tremblement de terre, isolées en Australie, défoncées en Birmanie, absentes dans l’Amazonie, tout ça entassés au milieu de foules colorées dans des véhicules extraordinaires ; les paysages admirés le long des sentiers ; les innombrables apéros devant d’innombrables couchers de soleil enthousiasmés ou fatigués par la journée ; la saveur d’un vin argentin, du dulce de leche, d’un assado, d’un poisson cru lait de coco, d’une salade de papaye verte, d’un riz gluant au milieu de la jungle ou d’un dhal bat en plein Himalaya ; le plaisir d’une douche chaude ; la lassitude des nuits offertes aux puces, moustiques et autres cafards…
On a adoré découvrir tous ces endroits qui nous fascinait dans notre canapé : l’Amazonie, les Andes, la Polynésie, l’Himalaya. On s’est amusé à compter les volcans de l’Equateur au Chili, de l’île de Pâques à la Nouvelle Zélande, et tout au long des îles de l’Indonésie. On a respiré l’air grisant de l’altitude en frôlant les 6000m mais on a aussi sondé les profondeurs du Pacifique. On s’est régalé à essayer d’approcher condors, lamas, vigognes, flamants roses et guanacos sur les hauteurs de l’Altiplano ; crocos, singes et buféos au fond de l’Amazonie ; lion de mer, pingouins et cormorans à la pointe de la Patagonie ; tortues, requins, raies et dauphins dans les eaux du Pacifique, kangourous et wallabies, wombats, koalas, émeus, crocodiles, casoars et ornithorynques à travers l’Australie ; dragons aux Komodos ; Orang Outangs et éléphants dans les jungles d’Asie ; et yaks des Himalayas !
On a aussi écouté et lu beaucoup d’histoires qui nous ont fait rêver ou réfléchir : les mythes des civilisations pré-colombiennes (et pas seulement les Incas !), les révolutions sud-américaines, le peuplement du Pacifique, les légendes aborigènes, l’horreur Khmer, la pensée bouddhiste, la dictature birmane, les légendes hindous, les aventures des grands explorateurs… On a mis des visages sur la carte du monde. Quelques rencontres resteront marquantes : Miguel en Equateur, Gerson en Amazonie, Sebastian à La Plata, Claude et Jacqueline à Santiago, Guillaume et Vaïana à Tahiti et Minh Thei en Birmanie. Mais il y en a eu beaucoup d’autres pour un instant ou pour plus longtemps, au détour du chemin, autour d’un verre, paroles échangées à la volée.

Et puis c’est aussi une année partagée, tous les deux, au bout du monde…

Alors pour tout ça, oui, on a bien fait ! … et il faudra peut-être recommencer !

dimanche 21 novembre 2010

Retour

Après un peu plus de 11 mois de voyage, nous sommes de retour à Paris. Nous avons retrouvé nos familles et nos amis, notre appartement et le chemin de l’hôpital.
Tout est comme avant … presque… c’est peut-être nous qui sommes un peu différents.
Le retour, c’est d’abord l’excitation des retrouvailles. Nous sommes heureux de retrouver tout le monde en forme et de faire connaissance avec les nouveau-nés. Il y a beaucoup d’histoires à raconter et à rattraper. Nous savourons le luxe d’une vie parisienne avec les petits plats auxquels nous avons parfois pensés avec nostalgie, avec une armoire remplie de vêtements, avec de l’eau chaude et de l’électricité dans toutes les maisons ! Nous redécouvrons Paris avec le regard émerveillé des touristes et le sentiment d’avoir une chance extraordinaire de vivre ici.
Le retour, c’est aussi un nouveau rythme à trouver. On se sent souvent en décalage dans notre nouvel environnement parisien. On se sent aussi beaucoup plus détaché, les petits soucis du quotidien prennent moins d’importance. C’est difficile à expliquer.
Notre voyage étonne et questionne. Les réactions sont disparates. On a parfois l’impression de raconter des aventures aussi improbables qu’un séjour dans l’espace ou à l’inverse que nos récits allument des étoiles dans les yeux de nos interlocuteurs. On est souvent ravi de découvrir qu’on vous a fait rêver pendant une année !

Ce blog mérite un épilogue. C'est difficile de résumer un voyage ... vous aurez le dernier article avant la fin de l'année !

samedi 16 octobre 2010

Dasain

Après tous ces jours dans la montagne, nous passons quelques jours à Pokhara, au bord du lac. Les sommets enneigés ne sont pas loin, mais c’est déjà un retour à la civilisation.










Nous sommes en pleine effervescence du festival de Dasain, le plus important festival hindou de l’année au Népal. On célèbre Durga et le triomphe du bien sur le mal. Les familles se retrouvent, les temples grouillent d’une foule colorée, et, clou du spectacle, on sacrifie aux dieux poulets, chèvres et buffles. Les troupeaux de chèvres sont descendus de la montagne ces derniers jours, les abords des villes prennent des allures de foires aux bestiaux, on croise les chèvres à l’arrière des voitures, sur les motos ou tirées en laisse, et, dans les temples, le sang coule abondamment…




































A Kathmandu, nous ne manquons pas une visite à la célèbre pagode tibétaine de Baudha, histoire de réciter encore quelques « Aum mani padmé um », dans la foule de lama et de pèlerins qui se presse.



















La ville s’est vidée de ses habitants en cette période de festival, les vitrines sont closes, il pleut… On dirait que la ville toute entière s’est faite à l’image de notre moral, un peu morose… c’est déjà le départ…

vendredi 15 octobre 2010

Annapurnas, premiers 8000

Retour à Kathmandu après 3 semaines autour et au cœur du massif des Annapurnas. Ce fut l’occasion pour nous, non pas comme Herzog de vaincre le premier sommet à plus de 8000m d’altitude, mais d’apercevoir nos premiers sommets Himalayens culminant à plus de 8000m. On chemine en effet entre les massifs du Manaslu (8156m), de l’Annapurna (8091m) et du Dhaulagiri (8167m), dont les cimes enneigées nous dominent souvent de plus de 4000 à 6000m !
On marche sur les chemins empruntés de longue date pour les échanges commerciaux entre l’Inde et le Tibet le long de vallées profondes ponctuées de villages en pierres accrochés à la montagne. En l’absence de route, les denrées montent encore aujourd’hui vers ces villages à dos d’homme ou grâce aux caravanes d’ânes. Mais on suit aussi les traces de l’expédition de Maurice Herzog qui sillonna ces vallées en 1950 à la recherche d’un accès vers le Dhaulagiri avant de se rabattre sur l’Annapurna.


La première partie du trek suit les chemins le long de la très encaissée vallée de la Marsyandi jusqu’à Manang. On s’élève progressivement à travers les villages, les rizières, puis les champs d’orge et de cannabis… La vallée est habitée par des minorités bouddhistes d’origine tibétaine. Les chemins sont ponctués de chortens, constructions de pierre, où s’entassent des pierres gravées de prière. A l’entrée des villages, on tourne les moulins de prières en entonnant le « aum mani padmé um » et sur les toits flottent les drapeaux afin que les prières s’envolent avec le vent. Dans ce pays très largement hindouiste, on se sent ici très proche du Tibet.



































































Après Manang le chemin s’élève en direction du Thorung La, col situé à 5416m. On le franchit dans le petit matin clair et froid avec les premiers rayons du soleil.



















































Le col sépare deux vallées complètement différentes. On redescend vers Muktinath, porte d’entrée vers la vallée du Mustang et haut lieu de pèlerinage hindou. Ici le paysage est desséché, les drapeaux de prière disparaissent. On suit la vallée large et profonde de la Kali Gandaki route principale des échanges avec le Tibet. De ce côté-ci une route chaotique et poussiéreuse relie désormais les villages.


































On retrouve progressivement les rizières même la forêt humide de nuage. Les vues sur le Dhaulagiri et l’Annapurna sont époustouflantes.




















































La dernière partie de notre périple nous conduit au cœur du massif de l’Annapurna, le Sanctuaire, à 4130m d’altitude. Là ce sont plus d’une demi-douzaine de sommets de plus de 6500m qui nous dominent. On ne peut pas s’empêcher de rêver …